1- Définition
La série harmonique est définie comme la somme infinie des inverses des entiers, on va voir que cette série diverge. On notera : appelé -ième nombre harmonique.
2- Divergence de la série harmonique
2.1 Divergence de la série harmonique (via une comparaison)
On s'intéresse à la somme télescopique suivante (voir pour plus de détail l'article sur les sommes inclassables) :
Or on a également :
De plus :
Donc par critère d'équivalence des séries à termes positifs : et donc la série harmonique diverge.
2.2 Divergence de la série harmonique (via des suites adjacentes)
Pour cette deuxième démonstration, on utilisera deux suites adjacentes suivantes (pour rappel, le théorème des suites adjacentes indique que si deux suites sont adjacentes alors elles ont la même limite) :
On démontre facilement que pour tout on a :
En effet, on a par décroissance de la fonction inverse, pour tout :
D'où en intégrant ces inégalités entre et , le résultat énoncé.
Sens de variations des suites
La suite est décroissante, en effet, pour tout , on a
Or d'après ce qu'on a montré juste au dessus, d'où :
La suite est croissante, en effet, pour tout , on a
De même, on a montré que d'où :
Limite de la différence
Pour tout , on a (équivalent du en ):
Donc les deux suites sont bien adjacentes.
Divergence de la série harmonique
Les deux suites sont adjacentes et donc convergent vers une même limite notée et pour tout d'où ;
Et donc puisque tend vers en , par comparaison, diverge.
2.3 Divergence de la série harmonique (via le théorème de Cesàro)
Une égalité
On a l'égalité suivante :
En effet :
Où on a effectué une interversion de sommes sur un domaine triangulaire.
Divergence de la série harmonique
L'égalité précédente peut se réécrire comme suit :
Supposons que converge et notons sa limite, on a alors d'après le théorème de Cesàro :
Et par passage à la limite dans l'égalité précédente on aurait , ce qui est impossible.
Donc par l'absurde, diverge.
3 - Constante d'Euler-Mascheroni
On définit pour tout , la suite par .
Convergence de la suite
On démontre que la suite converge. En effet, considérons la suite des sommes télescopiques suivante : .
On prouve que cette suite de sommes partielles converge, en effet :
Et d'après un développement limité du logarithme, en , nous obtenons :
Or maintenant, il suffit de remarquer que : et que .
Les deux séries étant de signes constant on peut conclure par comparaison (équivalence) à des séries de Riemann que la suite des sommes partielles converge et comme il s'agit d'une somme télescopique, on en déduit que la suite converge également.
On appelle la constante "d'Euler-Mascheroni" la limite de la suite qu'on note , on a donc :
Donc :
Equivalent du reste
On pose cette fois-ci, pour tout .
On a de plus que :
D'où :
Et donc :
Et comme on a équivalence entre deux termes de signes constants, on en déduit que le reste de la série de terme général vérifie :
Et donc par télescopage du reste, on a que :
Equivalent du reste de la série des inverses des carrés
On cherche maintenant à estimer un équivalent de , pour ce faire, commençons, par établir une inégalité à l'aide d'une comparaison série intégrale.
Soit un entier plus grand que et un réel appartenant à l'intervalle , on a par décroissance de la fonction inverse :
Et en passant à l'intégrale dans ces inégalités (l'intégrale conservant le sens des inégalités pour des fonctions de signes positifs), on a :
D'où on peut conclure que :
La dernière double-inégalité nous permet (par relation de Chasles) d'avoir cette inégalité pour , deux entiers :
D'où part calcul des intégrales :
D'où en passant à la limite :
D'où on en déduit que :
Troisième terme du développement asymptotique de la série harmonique
On en déduit d'après ce qui précède, que :
Et donc le développement asymptotique de la série harmonique :
4- Représentations intégrales
4.1 Représentation intégrale des nombres harmoniques
On a le résultat suivant : pour tout :
On pose la fonction définie sur par , on a que (taux d'accroissement de la fonction en 1). étant continue sur et ayant une limite finie en l'intégrale considérée a bien un sens.
De plus on sait que pour tout , on a que :
Donc par intégration :
4.2 Représentation intégrale de la constante d'Euler-Mascheroni
Une fonction
Soit la fonction définie sur par .
On a et .
Donc d'où .
La fonction est donc prolongeable par continuité en et on représentera par la suite ce prolongement en .
est bornée
On a .
Donc il existe un réel et un réel strictement positif tel que :
est donc bien bornée sur .
Convergence de l'intégrale
Puisque est bornée sur , il existe un réel, tel que pour tout strictement positif :
Et comme la fonction est intégrable sur , on en déduit que converge (converge absolument même).
Représentation intégrale du logarithme
Soit un entier naturel plus grand que , on note pour un nombre réel strictement positif :
.
En , il est facile de constater que . Donc existe bien.
On montre de la même manière que les intégrale et existent également ce qui permet d'écrire :
Et en choisissant le changement de variable , on aboutit à :
D'où :
L'intégrale : existe bien, puisque est continue et admet une limite finie en qu'on peut calculer via un développement limité.
On a donc que :
Le fait que et qu'elle soit continue sur justifie l'existence de l'intégrale : .
D'où, en passant à la limite ( ), on prouve que :
Qui est une représentation intégrale du logarithme.
Calcul de l'intégrale
D'après les paragraphes précédents on a que :
Et en changeant de variable ( ) dans la première intégrale, on trouve que :
D'où en sommant les deux intégrales convergentes:
L'intégrale existe et d'après un paragraphe précédent, nous savons que est bornée et que donc l'intégrale vérifie :
Donc que :
5- Nombres harmoniques
5.1 Une série avec les nombres harmoniques
Nous allons prouver que :
En effet, posons la fonction :
Notons tout d'abord que .
Rayon de convergence
Pour , la fonction est bien définie, en effet, vérifions sa convergence absolue :
Et :
Par critère de comparaison entre des séries positives, on peut en déduire que la série initiale converge absolument donc converge pour .
Calcul exact de la série pour
Dans le disque de convergence, la série du dessus est dérivable en tant que série entière (résultats généraux sur les séries entières) et sa dérivée vaut sur ce disque :
En revenant aux sommes partielles :
On peut effectuer une intervertion sur un domaine triangulaire :
En repassant à la limite , on obtient alors, puisque chaque série converge bien :
La série est géométrique et converge sur le disque, elle vaut :
Ce qui permet de réécrire :
On reconnait alors pour dans le disque de convergence et , le développement en série entière du logarithme :
D'où :
On obtient alors que sur le disque et pour :
Et en posant ou , nous obtenons :
Ici ces fonctions remplissent bien les conditions d'interversion série-intégrale:
est bien continue par morceau, intégrale sur , de plus la série intervertie converge bien comme nous allons le voir, d'où :
Et finalement :
(Voir article sur la fonction zeta pour le calcul détaillé de cette dernière série).
5.2 Une autre représentation des nombres harmoniques
D'après la formule qu'on avait vu plus haut et par changement de variable :
En appliquant la formule du binôme de Newton :